22 février 2018
Delphine Pichard

En direct de PyeongChang 2018

Logo PyeongChang 2018Nous sommes parmi les dix plus grandes nations sportives lors de ces Jeux Olympiques d’Hiver 2018 en Corée ! Tout le monde s’en satisfait : les médias, les politiques, les fédérations, les équipes et les sportifs bien sûr… Mais que signifient vraiment ces résultats ???

Pour les sportifs, c’est l’aboutissement d’un travail acharné pendant 4 ans, car pour la plupart, leur sport n’est sous les feux de la rampe que tous les 4 ans ; alors il faut être présent le jour J, avec tout ce que cela comporte comme satisfactions, et comme déconvenues.

Le sport olympique, c’est tout cela : du talent, une immense préparation, un projet, de l’intuition, du dépassement, mais aussi de la réussite, bien sûr. Parce que même si on est prêt, on n’est « pas à l’abri d’un jour sans le jour J », d’une mauvaise chute ou d’un virus ; ça fait parti du jeu…

Alors oui les Jeux Olympiques, ça se prépare de longue date : chaque chose a sa place, et chacun peut avoir son rôle à jouer… C’est une véritable entreprise qui consiste à bien s’entourer, et à exercer son activité dans les meilleures conditions possibles, dans la mesure des moyens que l’on a à sa disposition… et c’est là que « le bât blesse » comme on dit…

Comment expliquer par exemple :

  • Que le meilleur couple français de danse sur glace s’entraîne au Canada ?
  • Qu’un de nos compatriotes ait pris la nationalité allemande pour pouvoir participer aux Jeux, et faire une médaille qui plus est ?
  • Que certains sportifs soient obligés de rentrer précipitamment après leurs épreuves pour simplement reprendre leur travail ?
  • Qu’aucun français ne soit en finale de skicross alors qu’ils dominaient la discipline il y a 4 ans ?
  • Que nous n’ayons pas de représentant français en curling ou en patinage de vitesse ?
  • Que ce soit la petite jeune de 16 ans qui fasse une médaille et pas ses copines plus âgées, plus expérimentées ?

De quels moyens parle-t-on ? Un sportif peut-il réellement avoir de l’ambition quand il n’a pas les moyens ? Dit autrement : quels sont les moyens qui permettent à un sportif d’atteindre ses objectifs de médailles ? Les résultats de ces jeux sont-ils réellement cohérents avec les moyens mis en œuvre ?

A quoi attribue t’on ces « bons » résultats aux Jeux, finalement ???

Bien souvent au talent des sportifs français, mais aussi à leur engagement, leur investissement, leur passion… et c’est important de le souligner bien sûr ; est-ce que cela suffit ? Parce qu’ils ont tous du talent, de l’envie, ils se sont tous préparés assidûment, mais, dans la mesure de leurs moyens… n’est-ce pas cela qui fait la différence quand ça ne passe pas ? La faute à « pas de chance », dit-on… sous-entendu : c’est la loi du sport…

Qu’en est il des moyens mis en œuvre durant les 4 ans de préparation aux Jeux ?

Oui, la France est dans le haut de tableau du classement des médailles aux JO 2018, mais ce résultat, supposé bon, ne pourrait-il pas être meilleur, aux bénéfices de tous ceux qui ont raté leur compétition, alors qu’ils ont fait tout leur possible pour briller ?

La France peut elle réellement se féliciter de ces résultats ? Quel est le degré d’implication du pays dans la performance des sportifs médaillés ? Et surtout quel est sa part de responsabilité dans les contre-performances de ceux qui ont échoué ?

En attendant Paris 2024

Logo Paris 2024Autant de questions à se poser, dans l’objectif de performance voulu pour Paris 2024 : 80 médailles nous dit le Ministère des sports ?!!!

L’obtention des Jeux Olympiques à Paris en 2024 : c’est tout un pays qui bouge et frissonne à l’idée de célébrer les nombreuses médailles obtenues par des sportifs bien préparés, avec l’avantage de « jouer à domicile ».

Paris 2024 est un projet porteur de sens et de valeurs, qui a pour vocation le soutien, la cohésion, l’union, de tout un peuple autour de ses sportifs, et qui exige de la performance, donc des résultats, c’est-à-dire plus de médailles !

Dans ce contexte à fort enjeu sociétal, il convient tout d’abord, comme pour tout bon projet :

  • De faire un état des lieux de la situation de manière exhaustive, et surtout objective
  • D’œuvrer en collectif en faisant preuve de collaboration, pour faire émerger des idées
  • D’inviter et de favoriser le changement, pour plus de performance

Paris 2024 est l’occasion de faire le point sur le modèle sportif français, de remettre en question le système, et d’opérer les ajustements nécessaires.

Rapport Onesta-Flessel

Sur la thématique de la haute performance sportive, c’est-à-dire, pour répondre à la question : « comment faire pour atteindre l’objectif de 80 médailles lors des JO de Paris en 2024 ? », le ministère des sports a missionné Claude ONESTA. Son travail de recherche a donné lieu à un rapport, paru en janvier 2018, dont je me suis inspiré pour écrire cet article, et ceux qui vont suivre. Rien de révolutionnaire, mais beaucoup de vérités qui méritent d’être dites et entendues, en espérant que cela fasse bouger les choses…

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