Après avoir introduit le contexte du sport à l'international, avec les différentes échéances olympiques, et l'horizon Paris 2024 (acte 1), nous avons abordé le champ large de la haute performance, tel qu'il a été étudié dans le cadre du rapport Onesta (acte 2), et nous abordons ici en acte 3, le modèle sportif français, sa gouvernance et ses limites.

Acte 3 :La gouvernance du sport français : une entreprise défaillante

La politique au détriment du management

Le système sportif français est organisé autour des fédérations sportives : on parle d’un système fédéral. En effet, le ministère attribut une délégation de pouvoir aux fédérations sportives dans chaque sport, pour promouvoir, organiser et développer son sport sur le territoire.

Les fédérations, mandatées d’une mission de service public, s’appuie ensuite sur des ligues au niveau régional, et des comités au niveau départemental, de façon à couvrir géographiquement l’ensemble du territoire, pour plus de proximité et plus d’efficacité dans les échanges avec les clubs, qui sont eux, les véritables forces vives du sport. Car c’est effectivement en local que l’on trouve tous les talents et autres passionnés de sport, futurs grands champions de demain pour la France.

association loi 1901

Les fédérations, comme les ligues, les comités, et les clubs, sont des associations loi 1901, réunies autour d’un bureau de membres élus. Tous les membres de ce bureau sont bénévoles, comme dans toute association, même s’ils sont dédommagés des frais qu’ils doivent engager.

Le président, et l’ensemble du bureau, ont le pouvoir (et la responsabilité) de mettre en œuvre la politique sportive générale de l’Etat, en application à leur sport, et à leur territoire.

Des salariés peuvent être recrutés bien sûr, pour accompagner ces organisations dans leur mission : du manager général au secrétaire, l’implication des salariés se traduit sous la forme d’un contrat pour la mise en œuvre opérationnelle de ladite politique sportive.

A noter que les dirigeants sont donc des élus sur leur périmètre, comme par exemple un président de fédération est élu par de grands électeurs, c’est-à-dire d’autres membres élus issus des ligues et comités ; ce qui en fait un monde fermé, peu ouvert au changement et à l’intégration de nouvelles personnes, donc de nouvelles idées.

« La fonction politique a souvent privilégié la stabilité à l’exploration, ce qui convenait tout à fait à une administration qui a horreur du changement ».

D’ailleurs, c’est ce qu’il se passe dans la plupart des fédérations, on y retrouve toujours les mêmes, plus ou moins impliqués dans leur mission. Parfois trop discret, voire laxiste, parfois omniprésent, voire autocrate, le fonctionnement d’une fédération se résume souvent à la stature et à l’engagement de son président, avec trop, ou pas assez de contre-pouvoir.

Ainsi, alors qu’il faut bien souligner leur implication en tant que bénévole, et c’est bien là tout le problème du fonctionnement associatif, il faut aussi se rendre à l’évidence : cela ne fonctionne pas, ou plus.

Le manque de clarté dans l’organisation, et notamment dans le processus de décision, à mi-chemin entre politique et management, fait de ce système fédéral un système instable, beaucoup trop instable pour inspirer confiance, et mettre le monde du sport dans des conditions favorables à la haute performance.

En résumé, les problèmes rencontrés dans les fédérations sont les suivants :

  • Une politique et des pratiques de gouvernance mal définies
  • Des professionnels qui prennent le pouvoir, ou à l’inverse, des présidents omnipotents
  • Une absence de clarté dans la délégation managériale
  • Un fossé qui se creuse entre le pouvoir fédéral et les clubs sportifs locaux : désintérêt et risque de rupture

A cela s’ajoute le besoin, ou la nécessité, de contrôle et de régulation par l’Etat : un rôle ambivalent du fait des moyens financiers engagés, pas toujours transparents, selon les fédérations, selon les enjeux…etc

« La question de la délégation a tendance à exacerber les jeux de pouvoir entre fédérations plutôt que d’apporter des solutions de collaboration »

Et ce n’est pas tout ! On ne parle là que du modèle fédéral, c’est-à-dire du maillage politique sport par sport…

En parallèle, et en fil conducteur, on retrouve tout le système olympique, englobant l’ensemble du système fédéral : le comité national olympique du sport français (CNOSF), décliné en comité régional (CROS), et en comité départemental (CDOS).

équipement sportif

Et en toile de fond, on trouve aussi toutes les collectivités territoriales, propriétaires à plus de 80% de l’ensemble des équipements sportifs français, et impliquées pour le développement du sport sur leur territoire, que ce soit en termes de santé, de tourisme, en ce qui concerne le sport pour tous, ou globalement d’image en matière de sport performance.

Bref, un système complexe qui mérite d’être revu ; ce qui fait l’objet du comité de pilotage sur la gouvernance du sport, mis en place par la ministre des sports en fin d’année 2017.

« Il est temps de passer d’un système administré, à un système managé ».

Le rôle du DTN et des CTS

Sur la notion de performance sportive, l’organisation politique mise en place par l’Etat, consiste à s’appuyer sur un Directeur Technique National (DTN) dans chaque fédération, ainsi que sur d’autres Coordinateurs Techniques Sportifs (CTS) : des agents du ministère des sports, détachés sur le territoire, au service des fédérations.

Initialement dédiés au développement de la performance sportive, les DTN :

« se sont transformés en Directeurs Généraux de fédération, devenus pour certains des gestionnaires, très alignés avec la politique portée par leur président, n’influant pas toujours sur les politiques fédérales, même lorsqu’elles concourent insuffisamment aux objectifs de haute performance fixés par l’Etat. »

Nommés sur proposition des présidents de fédération, il apparaît que les DTN ne sont pas choisis pour leur compétence en matière de haute performance, ni même pour leurs convictions ou leurs idées, mais plutôt pour leur flexibilité, ou leur capacité à se fondre dans le paysage politique de la fédération, tout en permettant d’assurer, quand même, un suivi de mission, notamment budgétaire, conformément à la convention pluriannuelle d’objectifs signée entre la fédération et l’Etat.

De même, alors que les CTS font l’objet d’une convention cadre qui définit le nombre d’agents placés auprès de chaque fédération, il apparaît que, malgré leur statut, et l’enjeu de leur mission, il ne fasse pas réellement ce qui est prévu, notamment en matière de haut niveau. En effet, leur mission s’étale sur tous les pans : de la promotion du sport pour tous à l’accompagnement des équipes nationales, en passant par l’entraînement, la formation des cadres ou encore la détection en local… Ils sont également sensés être garants de la cohérence entre les projets sportifs des fédérations et les orientations prioritaires d ministère de la santé et des sports, ou encore s’assurer de la bonne utilisation des crédits publics… C’est un peu comme s’ils étaient des pions placés par l’Etat, pour aider les fédérations dans la mise en œuvre de leur délégation.

Ce sont des hommes et des femmes à tout faire, pourtant diplômés, reconnus en tant que professeurs de sport, qui se retrouvent à faire tampons entre les fédérations et l’Etat. Souvent d’anciens sportifs de haut niveau, ou anciens entraîneurs, devenus cadres de la fonction publique, les CTS entretiennent finalement l’idée d’un réseau fermé et étriqué, dans lequel le « copinage » fait foi, avec ses avantages (notamment dans la reconversion des sportifs et la création d’emplois) et ses inconvénients (dans le manque de compétences et l’absence de performance en termes de résultats).

« Sur le champ du haut niveau, l’histoire nous dit que le fait politique prend trop souvent le pas sur l’évaluation et l’expertise ».

Le modèle économique des fédérations

« Le manque de moyens est souvent la justification du manque d’ambition dans la haute performance ».

Alors même que :

« Les moyens engagés par l’Etat sont parmi les plus élevés d’Europe et peuvent être considérés comme suffisants pour amorcer une réelle mutation ».

Le modèle économique des fédérations s’appuie en moyenne à 50% sur des subventions. Ses sources de financement sont les suivantes :

sources de financement

  • Ministère des sports
  • Subventions publiques : issues des collectivités territoriales essentiellement
  • Partenaires privés : échanges de marchandises, actions performance, et droits TV sur les événements
  • Ressources propres : en majorité les licences

« Il semble responsable de faire la preuve de l’efficience du modèle avant de réclamer des moyens supplémentaires ».

Qui plus est, dans un contexte de réduction des dépenses publiques, il convient de travailler au développement de ressources propres, grâce à des actifs stratégiques comme l’organisation d’événements ou la gestion d’infrastructures sportives. Ces recettes, favorisant l’équilibre budgétaire, permettraient également de légitimer l’autonomie des fédérations, au même titre que beaucoup d’associations du système sportif, et d’envisager la redistribution des recettes de manière plus cohérente avec les enjeux, et notamment les ambitions de la haute performance, qui nécessite une certaine prise de risque à long terme.

Mais aujourd’hui, les fédérations, responsable du développement de la haute performance dans leur sport, n’ont pas vraiment pris le virage que certains clubs sportifs ont su prendre il y a quelques années, en se professionnalisant.

cercle vertueux de l'argent dans le sport

« La haute performance a un coût certain mais c’est aussi un vecteur de ressources supplémentaires. »

Or aujourd’hui, la plupart des fédérations se contentent de faire avec les moyens qu’elles ont, c’est-à-dire de gérer l’argent que lui verse l’Etat pour ses missions, en s’appuyant sur les ressources humaines fournies par L’Etat.

Il y a réellement un conflit entre l’enjeu de la haute performance, et le manque d’ambition des fédérations.

La seule « réelle » source de revenus des fédérations, en complément des subventions versées par l’Etats dans ses diverses formes, réside dans les licences vendues aux pratiquants de clubs, ce qui à priori finance exclusivement l’organisation et la gestion des compétitions départementales, régionales et nationales.

Et d’ailleurs, certains adhérents de club ne comprennent pas forcément ce coût, dans la mesure où ils ne souhaitent pas forcément participer à des compétitions, juste faire du sport pour le plaisir avec des copains…

Mais ça, c’est une autre histoire… quoi que liée finalement, au manque de clarté, de transparence, et d’organisation du système sportif français. Parce qu’en fait, quiconque décide de faire du sport, a simplement des besoins à satisfaire : l’accès à un équipement, à un entraînement, à du conseil, la rencontre avec d’autres personnes, la participation à une compétition, une forme de reconnaissance dans un classement.... Pour ses besoins, quels qu’ils soient, le sportif est tout à fait prêt à payer quelque chose, si cela les vaut, c’est évident : pensez que certains sont prêts à investir près de 100€ par mois pour avoir accès à une salle de fitness ou à des séances de crossfit !

Pour autant, comment se construit l’adhésion à un club ? Quelle est la part de licence, la part de cotisation au club, la part d’accès aux équipements, alors même que les équipements sont mis à disposition par les collectivités territoriales, sans aucun retour financier…

Bref, rien n’est clair, tout est possible, et personne ne s’y retrouve ! Eh bien, c’est pareil au niveau national : chacun fait ce qu’il veut, ou ce qu’il peut, avec une forme de résignation et de fatalité.

Pour lire les précédents articles :

Acte 1 : En direct de PyeongChang 2018, et en attendant Paris 2024

Acte 2 : Le champ large de la haute performance sportive : entre amateurisme et professionnalisme

Sources :

Mission d’étude pour la haute performance sportive – janvier 2018 – Claude ONESTA

2ème forum national SPORTCOLL – février 2018 – Montpellier

https://sport-apres2017.com/

Dernière mise à jour 22 octobre 2019 par Delphine Pichard

En acte 1...

A l'heure des Jeux Olympiques d'hiver en Corée, sort le rapport de mission Claude ONESTA, à la demande de la ministre des sports : mission d'étude pour la haute performance sportive. L'enjeu : Paris 2024 et l'objectif de 80 médailles olympiques à domicile !

Pour lire ou relire l'acte 1 : c'est par ici.

Le champ large de la haute performance sportive : entre amateurisme et professionnalisme

Les valeurs du sport

Réunir le sport pour tous et le sport de haute performance est, en France, une ambition inconfortable.

Pourtant, la notion de résultat, au travers de l’organisation de compétitions, a toujours fait partie du sport. Dans tous les sports olympiques, et c’est ce qui en fait un spectacle, il y a des compétitions, pendant lesquelles les performances sont mesurées, qui désignent des gagnants, des perdants, et même un classement général et par catégorie.

Devise olympique

Mais aujourd’hui, selon la devise olympique « citius, altius, fortius », pour aller toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort, l’entraînement et les moyens de se préparer se sont développés, les organisations se sont professionnalisées, au nom de cette recherche de performance.

L'argent dans le sport

Et malheureusement, cette professionnalisation, souvent liée à une notion d’argent, n’a pas une bonne image. Dans notre culture française, alors même que les origines du sport sont issues de la bourgeoisie, il n’est pas bon d’associer l’argent aux valeurs du sport, c’est presque antinomique.

On parle volontiers de fraternité, de solidarité, d’équité, de respect, d’engagement, de dépassement, voire de sens du devoir au service de la patrie… mais pas d’argent, non, surtout pas d’argent !

En France, les sportifs se sacrifient pour apporter des médailles à leur pays.

Jusqu’à maintenant, cela convenait à tout le monde ; cela évitait de se confronter à la réalité, et comme les sportifs eux-mêmes, issus de cette culture, arrivaient à faire encore de bons résultats, on se disait que c’était la bonne méthode… Mais aujourd’hui, quand un français joue la gagne, c’est soit un coup de chance, soit qu’il s’entraîne ailleurs et/ou avec sa propre structure, et surtout, avec ses propres moyens.

Parce que le sacrifice ne paie plus… parce que faire toujours plus de la même chose ne permet pas de changer fondamentalement les choses… Parce que :

la folie, c’est de se comporter de la même manière, et d’attendre un résultat différent

C’est Albert EINSTEIN qui l’a dit…

Il est temps de revoir la copie, dans les fondements du modèle sportif français, si l’on veut véritablement briller à Paris en 2024 !

Le haut niveau versus la haute performance

Le réseau Grand Insep

En France, on ne parle pas beaucoup de performance... On parle plutôt de haut niveau ; et c’est en effet très différent !

Le haut niveau, c’est toute une filière qui se met en marche pour permettre l’accès au sport de haut niveau, c’est-à-dire la mise en œuvre d’une représentation de la France sur la scène sportive internationale.

« Le haut niveau peut se caractériser par une démarche où chacun cherche à créer et réunir l’ensemble des conditions d’émergence d’une performance. »

Pour gagner, il faut risquer de perdre

Jean-Claude KILLY

La haute performance, c’est l’ambition professionnelle que l’on a pour cette filière du haut niveau : un univers de décisions et d’’optimisation permanente, avec son lot d’incertitudes, dans la construction, l’animation, et l’aboutissement des projets des sportifs les plus talentueux.

« La haute performance se traduit par la volonté permanente de toujours viser la victoire, pas seulement la représentation, en acceptant de prendre le risque de perdre pour parvenir à gagner. »

Alors on peut continuer de développer la filière du sport de haut niveau, et faire en sorte que les sportifs français soient de plus en plus nombreux à s’entraîner de plus en plus dur, pour représenter la France en masse aux Jeux Olympiques : on joue la quantité, en espérant que ça passe pour la médaille… sur un malentendu, ça peut marcher…

On peut aussi avoir l’ambition de 80 médailles olympiques françaises à Paris en 2024, ce qui est un bel objectif de haute performance, mais auquel cas, travailler la quantité n’est pas un moyen suffisant pour réaliser ce genre d’objectif : il faut travailler sur la qualité !

Il s’agit donc de :

« remplacer le plus par le mieux »

Nous dit Claude ONESTA dans son rapport.

En effet, intégrer la haute performance à notre mode de fonctionnement actuel, nécessite une prise de conscience : il faut changer des choses pour que le haut niveau et la haute performance trouvent un terrain d’entente, c’est-à-dire un endroit différent, neutre et fertile, un nouveau système de fonctionnement, dans lequel ils pourront interagir l’un avec l’autre, et grâce auquel ils pourront avancer main dans la main, au service l’un de l’autre.

Tout n’est pas à jeter, bien au contraire, mais un changement de paradigme doit s’opérer, par la rénovation du modèle sportif français, dans l’intégration de la notion de haute performance.

Le besoin de moyens

La bonne nouvelle, c’est qu’on peut s’appuyer sur cette filière du haut niveau, existante depuis de nombreuses années, relativement bien structurée, staffée et expérimentée.

A cela il faut maintenant intégrer l’ambition de haute performance, et créer quelque chose de différent de tout ce que l’on a pu faire jusqu’à aujourd’hui, quelque chose de plus fort, de plus abouti.

« Sommes-nous capables d’appliquer à une organisation ce qu’un champion s’applique tous les jours pour accéder à la haute performance ? »

« Si nous voulons créer les conditions de la haute performance, cela revient à créer une nouvelle organisation qui soit autonome, agile, singulière et innovante, où tous les acteurs acceptent la différence et l’exigence de la haute performance. »

Car c’est l’organisation qui doit se mettre au service des sportifs, et non pas les sportifs qui doivent s’adapter aux structures en place.

Ce sont eux qui ont de l’or dans les pieds ou dans les mains, eux qui prennent les risques et sacrifient une partie de leur vie pour leur sport, eux qui transpirent, s’entraînent des heures durant, se font mal et souffrent beaucoup parfois pour donner le meilleur d’eux-mêmes…

Mais comment leur demander le meilleur sans garantie ? La passion suffit-elle à endurer des heures et des heures de travail ? L’investissement peut-il réellement être durable et la motivation sans faille, alors que notre société exige d’être bon à l’école, pour faire des études supérieures, en temps et en heure, et avoir un « vrai » métier, le moins tard possible, parce que la retraite, ce n’est pas pour cette génération-là…

Suivi socioprofessionnel des sportifs

L’accès au haut niveau a été très bien accompagné jusque-là, avec la mise en place de nombreuses mesures qui permettent d’assurer le double projet, sportif et scolaire, des places réservées dans certains concours, des aides à la pension ou des traitements particuliers selon les problématiques des jeunes dont les familles ne peuvent assurer matériellement la poursuite de leur projet sportif.

Et même s’il reste encore beaucoup à faire, notamment dans le suivi psychologique de ces jeunes à qui l’on demande beaucoup, dans un contexte d’isolement, qui frôle l’exclusion parfois, ou bien dans tout ce qui concerne les orientations post-bac, il faut reconnaître que ça bouge, que ça avance, et que l’ensemble des acteurs s’investit sur ce champ.

Mais les problématiques de la haute performance sont bien différentes :

« les sportifs en route vers les médailles doivent être déchargés des problèmes de subsistance pour eux et pour leur famille ».

Il leur faut pour cela un statut social sécurisant, et une reconnaissance qui leur permette de se consacrer pleinement à leur préparation olympique, c’est-à-dire qui leur procure l’équilibre et la stabilité émotionnelle dont ils ont besoin pour être les meilleurs le jour J.

Cela passe aussi par le même genre de mobilisation pour les entraîneurs, dont les activités sont multiples et de plus en plus complexes à gérer. Car même si, à l’instar des sportifs, ils ont une certaine reconnaissance de leur travail, par le contrat qu’ils signent, et le salaire qu’ils touchent, cela prête à confusion dans le cadre de la recherche de haute performance… Doivent ils s’investir à la hauteur de leur mission, à la hauteur de leur salaire, à la hauteur des ambitions qu’ils ont pour les athlètes qu’ils entraînent ?

Accompagnement vers la performance

A cela s’ajoute le besoin d’un accompagnement médical et paramédical de qualité ; ce qui fait grandement défaut en France, en comparaison à bien d’autres nations. L’entraîneur, spécialiste de l’entraînement, ne peut à lui seul assurer toutes les dimensions du développement de la haute performance : physique, technique, tactique et mentale. Certains domaines, pour être menés dans une optique de haute performance, doivent être attribués à des tierces personnes, expertes dans leur domaine : un préparateur physique, un kiné, un ostéo, un chiro, un médecin, un psychologue, un préparateur mental, un analyste-statisticien (ou technicien), un diététicien ou un nutritionniste parfois.

Entraîneur chef d'orchestre

Ainsi l’entraîneur peut se focaliser sur l’articulation du projet sportif dans sa globalité ; il peut alors jouer le rôle de chef de projet, c’est l’animateur de la haute performance.

Sans s’éparpiller, il décharge le sportif de toutes ces responsabilités, pour qu’il puisse se concentrer sur son domaine à lui : le geste, la vitesse, la précision, l’intuition, bref l’excellence et la performance sportive, l’expression de son art.

Un sportif qui s’engage dans un processus de haute performance a besoin d’un accompagnement individualisé ; quel que soit le sport, quel que soit l’épreuve, il n’y a pas un sportif pareil.

Le sportif est un homme, pas un robot, que l’on pourrait modéliser selon une norme de performance.

Rien ne sert de structurer, d’organiser, de fixer des règles de fonctionnement pour atteindre la haute performance : la clé réside dans l’adaptation et la mise à disposition de moyens, en fonction du sportif et de ses besoins.

Dernière mise à jour 22 octobre 2019 par Delphine Pichard

En direct de PyeongChang 2018

Logo PyeongChang 2018Nous sommes parmi les dix plus grandes nations sportives lors de ces Jeux Olympiques d’Hiver 2018 en Corée ! Tout le monde s’en satisfait : les médias, les politiques, les fédérations, les équipes et les sportifs bien sûr… Mais que signifient vraiment ces résultats ???

Pour les sportifs, c’est l’aboutissement d’un travail acharné pendant 4 ans, car pour la plupart, leur sport n’est sous les feux de la rampe que tous les 4 ans ; alors il faut être présent le jour J, avec tout ce que cela comporte comme satisfactions, et comme déconvenues.

Le sport olympique, c’est tout cela : du talent, une immense préparation, un projet, de l’intuition, du dépassement, mais aussi de la réussite, bien sûr. Parce que même si on est prêt, on n’est « pas à l’abri d’un jour sans le jour J », d’une mauvaise chute ou d’un virus ; ça fait parti du jeu…

Alors oui les Jeux Olympiques, ça se prépare de longue date : chaque chose a sa place, et chacun peut avoir son rôle à jouer… C’est une véritable entreprise qui consiste à bien s’entourer, et à exercer son activité dans les meilleures conditions possibles, dans la mesure des moyens que l’on a à sa disposition… et c’est là que « le bât blesse » comme on dit…

Comment expliquer par exemple :

  • Que le meilleur couple français de danse sur glace s’entraîne au Canada ?
  • Qu’un de nos compatriotes ait pris la nationalité allemande pour pouvoir participer aux Jeux, et faire une médaille qui plus est ?
  • Que certains sportifs soient obligés de rentrer précipitamment après leurs épreuves pour simplement reprendre leur travail ?
  • Qu’aucun français ne soit en finale de skicross alors qu’ils dominaient la discipline il y a 4 ans ?
  • Que nous n’ayons pas de représentant français en curling ou en patinage de vitesse ?
  • Que ce soit la petite jeune de 16 ans qui fasse une médaille et pas ses copines plus âgées, plus expérimentées ?

De quels moyens parle-t-on ? Un sportif peut-il réellement avoir de l’ambition quand il n’a pas les moyens ? Dit autrement : quels sont les moyens qui permettent à un sportif d’atteindre ses objectifs de médailles ? Les résultats de ces jeux sont-ils réellement cohérents avec les moyens mis en œuvre ?

A quoi attribue t’on ces « bons » résultats aux Jeux, finalement ???

Bien souvent au talent des sportifs français, mais aussi à leur engagement, leur investissement, leur passion… et c’est important de le souligner bien sûr ; est-ce que cela suffit ? Parce qu’ils ont tous du talent, de l’envie, ils se sont tous préparés assidûment, mais, dans la mesure de leurs moyens… n’est-ce pas cela qui fait la différence quand ça ne passe pas ? La faute à « pas de chance », dit-on… sous-entendu : c’est la loi du sport…

Qu’en est il des moyens mis en œuvre durant les 4 ans de préparation aux Jeux ?

Oui, la France est dans le haut de tableau du classement des médailles aux JO 2018, mais ce résultat, supposé bon, ne pourrait-il pas être meilleur, aux bénéfices de tous ceux qui ont raté leur compétition, alors qu’ils ont fait tout leur possible pour briller ?

La France peut elle réellement se féliciter de ces résultats ? Quel est le degré d’implication du pays dans la performance des sportifs médaillés ? Et surtout quel est sa part de responsabilité dans les contre-performances de ceux qui ont échoué ?

En attendant Paris 2024

Logo Paris 2024Autant de questions à se poser, dans l’objectif de performance voulu pour Paris 2024 : 80 médailles nous dit le Ministère des sports ?!!!

L’obtention des Jeux Olympiques à Paris en 2024 : c’est tout un pays qui bouge et frissonne à l’idée de célébrer les nombreuses médailles obtenues par des sportifs bien préparés, avec l’avantage de « jouer à domicile ».

Paris 2024 est un projet porteur de sens et de valeurs, qui a pour vocation le soutien, la cohésion, l’union, de tout un peuple autour de ses sportifs, et qui exige de la performance, donc des résultats, c’est-à-dire plus de médailles !

Dans ce contexte à fort enjeu sociétal, il convient tout d’abord, comme pour tout bon projet :

  • De faire un état des lieux de la situation de manière exhaustive, et surtout objective
  • D’œuvrer en collectif en faisant preuve de collaboration, pour faire émerger des idées
  • D’inviter et de favoriser le changement, pour plus de performance

Paris 2024 est l’occasion de faire le point sur le modèle sportif français, de remettre en question le système, et d’opérer les ajustements nécessaires.

Rapport Onesta-Flessel

Sur la thématique de la haute performance sportive, c’est-à-dire, pour répondre à la question : « comment faire pour atteindre l’objectif de 80 médailles lors des JO de Paris en 2024 ? », le ministère des sports a missionné Claude ONESTA. Son travail de recherche a donné lieu à un rapport, paru en janvier 2018, dont je me suis inspiré pour écrire cet article, et ceux qui vont suivre. Rien de révolutionnaire, mais beaucoup de vérités qui méritent d’être dites et entendues, en espérant que cela fasse bouger les choses…

Dernière mise à jour 23 février 2018 par Delphine Pichard

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